Trombone Shorty
Bien qu'il soit l'une
des stars les plus brillantes de la scène jazz contemporaine de la Nouvelle
Orléans, Trombone Shorty puise dans l'histoire bien remplie de son héritage de
la Cité du Croissant quand il atterrit à Manchester, Angleterre le 15 mars pour
commencer sa tournée européenne 2019 très attendue.
Au départ de
Manchester, son itinéraire de 11 dates l'emmène à Londres pour traverser
ensuite la Manche jusqu'en Belgique (Bruxelles), en Allemagne (Francfort), aux
Pays Bas (Amsterdam) et en France (Paris) avant un bref arrêt au retour en
Allemagne (Berlin). Suivent ensuite des dates en Pologne (Varsovie), en Suisse (Zurich)
et en Italie (Milan) avant un dernier concert le vendredi 29 mars à Barcelone, Espagne.
Pour ceux qui ont envie d'un jazz hot mené au trombone servi avec une ferveur
de Mardi Gras style Nouvelle Orléans, alors voir Shorty, qui est un showman
charismatique en chair et en os, est une opportunité à ne pas manquer.
« Aussi loin que je me souvienne, j'ai
toujours joué un certain type de musique »
En parlant à
uDiscover Music la veille de la tournée, ce joueur de trombone sensationnel, couvert
de décorations et toujours affable, né Troy Andrews et élevé au cœur de la
Louisiane, dans un quartier de la Nouvelle Orléans appelé Tremé, révèle qu'il a
grandi dans une famille profondément marquée par la musique, dans laquelle tout
le monde jouait d'un instrument. « Aussi
loin que je me souvienne, dans mes plus tendres souvenirs, je jouais un certain
type de musique ou je faisais certains types de bruits », dit-il.
On l'a surnommé
Trombone Shorty quand il avait tout juste quatre ans et qu'il faisait ses
débuts dans une fanfare. « Tout le monde à la Nouvelle Orléans a un surnom »,
explique-t-il. « Et comme j'étais si petit à l'époque, et le trombone, qui
était au moins 60 cm plus grand que moi, était si grand, que c'est comme
ça que cela m'a valu ce surnom. »
Mais il ne se
souvient pas vraiment comment il a commencé à jouer du trombone, et il admet, en
riant, que ce n'était pas l'un des instruments les plus branchés ni glamour. Ce
n'a pas non plus été le coup de foudre. « Je ne sais pas si j'avais
vraiment choisi ou pas, » confesse-t-il. « Je pense qu'on me l'a
juste mis dans la main et bien sûr avec le temps, c'est devenu naturel et
quelque chose que j'aimais étant jeune. »
Le fait que
Trombone Shorty ait un frère plus âgé comme référence et auquel se mesurer, son
frère, le trompettiste James andrews, qui n'était jamais loin, a beaucoup aidé.
« A la Nouvelle Orléans, il y a toujours un duo trompette et trombone, et
je pense que j'étais l'acolyte de mon frère. J'ai joué à des enterrements jazz
à la Nouvelle Orléans et je marchais avec mon trombone aux côtés de mon frère
en essayant d'imiter ce que j'entendais. Je n'avais personne pour me montrer, alors
j'ai appris à l'oreille. »
« C'est ainsi que les choses devraient
se passer »
Étonnamment, Shorty
joua son premier concert payant à l'âge de quatre ans (« J'ai mis l'argent
dans une petite boîte à chaussures pour économiser afin d'acheter des CD »)
et il s'est rapidement épanoui en enfant prodige. « A l'âge de sept ans, j'avais
ma propre fanfare et je jouais dans le quartier avec mes frères, » se
rappelle-t-il. « A partir de là, j'ai commencé à voyager à l'étranger
chaque été en jouant dans différents festivals et ensuite, plus âgé, j'ai pu
commencer à y jouer avec mon propre groupe. »
Vue son
expérience substantielle et le fait qu'un jeune homme comme lui ait énormément
voyagé, Trombone Shorty ne se laisse pas impressionner lorsqu'il joue devant
des milliers d'européens. Certains des morceaux qu'il jouera seront tirés de
son dernier album, nommé aux Grammy 2017 Parking
Lot Symphony, qui ont été produits pour la première fois par le label de
jazz emblématique, Blue Note. « J'aimais ce qu'ils faisaient chez Blue
Note, certains de mes amis avaient signé chez eux, et la façon dont ils
dirigeaient toute la société, » dit Shorty de son passage de Verve au
label à présent dirigé par Don Was.
« Don Was m'a
accueilli les bras ouverts, », se rappelle Shorty. « Il était déjà
fan et je voulais travailler avec lui d'une certaine manière et cela a
fonctionné. C'est vraiment un type cool. J'entrais dans son bureau et il
écoutait de la musique en ayant enlevé ses chaussures et je pensais, c'est
comme çà que cela doit être. »
« J'étais exposé à beaucoup de
musiques différentes »
Parking Lot Symphony est un potpourri étourdissant de
différents styles ; un espace sonique unique où l'ancien rencontre le nouveau
et le son traditionnel du jazz de la Nouvelle Orléans se juxtapose au funk, R&B,
hip-hop, pop et rock. Trombone Shorty dit que sa musique à plusieurs tonalités
reflète le melting pot culturel qui définit sa ville natale : « A la
Nouvelle Orléans, la musique a plusieurs sous- genres. J'ai eu beaucoup de
chance de jouer avec M. Allen Toussaint et Dr John, qui avaient un style
différent de R&B New Orleans. Et j'ai ensuite passé du temps avec les
Neville Brothers et leur style de musique de New Orleans. Et ensuite, quand j'étais
très jeune, j'ai pu travailler avec les rappeurs, Money Fresh et Juvenile de
Cash Money Records. Et, bien sûr, j'ai joué avec des musiciens de jazz dans les
rues. J'étais donc exposé à beaucoup de musiques différentes. »
Quand Shorty
grandissait, chez lui, il entendait Ray Charles et Earth, Wind & Fire, puis
son frère l'a initié au hip-hop. « Grâce à lui, j'ai entendu la musique de
Snoop Dogg quand j'étais plus jeune et il m'a expliqué comment Dr Dre samplait
le groupe Funkadelic/George Clinton's Parliament. »
Alors qu'il liait
le funk et le hip-hop, le rock a aussi eu un impact sur le jeune Troy Andrews. « J'ai
toujours écouté Nine Inch Nails et Jimi Hendrix et quand j'ai été diplômé de la
high school, j'ai reçu un appel de Lenny Kravitz pour rejoindre son groupe »,
dit-il. « J'avais 18 ans et j'ai joué avec lui pendant quelques années. J'ai
appris beaucoup en jouant dans des concerts avec lui. »
Plus récemment, la
musique de Trombone Shorty a été exposée à un public plus large lors de
tournées avec des stars du rock US comme Red Hot Chili Peppers et Foo Fighters.
« C'était vraiment incroyable que ces groupes m'invitent à partir en
tournée avec eux et de pouvoir jouer dans ces arenas devant les foules du rock.
« J'ai grandi en écoutant ces gars sur MTV et pour nous, faire leur
première partie dans de grandes arenas, c'était un rêve devenu réalité.
« Il y a une tradition dont on ne
parle pas à la Nouvelle Orléans »
A part jouer de
la musique, Shorty se passionne pour donner quelque chose en retour à la communauté
dont il vient. Il a fondé la Trombone Shorty Foundation en 2013, issue de son
projet précédent Horns for Schools et il est activement impliqué dans la
promotion de l'enseignement de la musique dans sa ville natale.
« Je pense
que l'enseignement de la musique est très important car cela aide avec les
matières aussi comme les maths, » explique-t-il. « La musique c'est
des maths si vous pouvez transférer ce type de connaissances en matière alors
cela fonctionne bien...mais cela donne aussi aux enfants quelque chose d'amusant
pour stimuler leurs esprits à être créatifs. »
Diplômé du
reconnu New Orleans Center For Creative Arts (NOCCA), où Harry Connick, Terence
Blanchard et Wynton Marsalis ont tous étudié, Shorty pense que son action fait
partie de l'unique héritage de New Orleans de transmettre ces connaissances et
informations aux générations suivantes et d'aider à conserver une musique
vivante tout en préservant ses racines. « C'est vraiment important pour
moi car il y a une tradition dont on ne parle pas à New Orleans, beaucoup de
gens transmettent ces connaissances, » dit-il.
Shorty lui même
dit qu'il a bénéficié des connaissances transmises et que c'est ce qui a
déclenché son entreprise d'enseignement altruiste. « Beaucoup de gens m'ont
enseigné sur le tas dans la rue et ils m'ont transmis ces connaissances
naturellement », dit-il. « Ils ont vu que j'essayais de faire quelque
chose et m'ont montré ce que j'essayais de faire. Cela a eu beaucoup d'influence
sur moi tout au long de ma vie et même encore aujourd'hui, certains des plus
anciens musiciens que je vois, viennent encore et m'apprennent des choses. J'ai
juste pensé qu'il me revenait de faire la même chose pour la prochaine
génération. »
« Cela va sauver des vies »
Pour Trombone
Shorty, créer une fondation n'était pas un projet vaniteux destiné à répondre
au besoin de nourrir son égo. Cela avait pour origine une conviction sincère
non seulement d'honorer ceux qui étaient là avant lui et qui l'ont aidé mais
aussi d'investir dans le futur musical de la ville. « C'est déjà dans ma
personnalité et intégré par les gens qui m'ont donné, » déclare-t-il. « C'est
un acte sincère pour moi car c'est ce que l'on m'a enseigné et je vois beaucoup
de musiciens plus jeunes qui me regardent dans la ville. Je veux juste être
disponible pour eux tant que je peux pour qu'ils puissent faire passer notre
musique au niveau supérieur et conserver l'héritage et le legs. »
A un niveau
encore plus profond, Shorty pense que la fondation peut altérer la trajectoire
des vies de certaines personnes pour le meilleur, en les détournant de la
négativité et du danger vers un endroit plus positif. « Pour être franc, cela
va sauver des vies, » souligne-t-il, en faisant allusion à ceux qui
peuvent être tentés de prendre de la drogue ou de vivre dans la criminalité. « La
fondation peut être la chose la plus positive dans les vies de certains de ces
enfants. Je leur dis toujours : la musique peut être un passeport pour que
vous alliez découvrir le monde. Je pense simplement que nous avons tant de
talentueux jeunes musiciens à New Orleans, mais je leur dis parfois, il suffit
d'un mauvais pas dans la rue pour changer votre vie pour le pire. Mais je veux
juste avoir un impact positif sur eux par le biais de la musique. »
Mais la musique n'est
pas le seul intérêt du tromboniste, il a aussi fait l'acteur et est apparu dans
son propre rôle dans la série HBO Treme,
se déroulant à New Orleans, c'est l'activité qui le consume le plus. Il dit qu'il
a déjà commencé à enregistrer une suite à Parking
Lot Symphony, mais qu'il n'a pas encore terminé. « Nous y travaillons, »
révèle-t-il. « A chaque fois que nous en avons l'occasion quand nous ne
sommes pas sur la route, nous allons en studio et créons de la musique. »
Sa priorité pour
le moment, c'est sa prochaine tournée européenne. « Je suis toujours
impatient d'y jouer, », dit-il avec enthousiasme. « J'adore l'idée de
présenter ma musique à de nouvelles personnes et de pouvoir jouer devant tous
nos fans qui nous suivent depuis longtemps. »
Le nouvel album de Trombone Shorty s'ouvre par un
chant funèbre mais si vous pensez que le leader de groupe, interprète, auteur
et tromboniste adoré, né Troy Andrews est venu ici pour pleurer, vous avez tout
faux. Ce morceau de l'âme magnifique de
New Orleans — « Laveau
Dirge No. 1, » qui tire son nom de la plus célèbre des reines vaudou de la
ville—montre les racines de
notre hôte avant que Parking Lot Symphony n'arrive ensuite sauvagement,
magnifiquement, funky à travers 12 morceaux différents. Fidèle à son titre, cet
album contient des multitudes de sons, du beuglement de la fanfare et du funk
au groove profond, à la beauté bluesy et à la démarche assurée du hip-hop/pop
et beaucoup d'émotions, le tout ancré bien sûr par un jeu stellaire et l'idée
que, même par les temps les plus durs, comme Andrews le dit, « la musique
unit. »
Et pourquoi cela a pris si longtemps à Andrews de
faire une suite à l'album Say That to Say This produit par Raphael Saadiq en 2013
? Il déclare, « je n'avais pas réalisé que tant de temps avait passé. Certains
artistes ne travaillent pas jusqu'à ce qu'ils sortent un disque, mais je n'ai
jamais arrêté. » Vraiment. Ces quatre dernières années, Andrews a
participé à son cinquième concert à la Maison Blanche ; il a joué avec
Macklemore et Madonna aux Grammys ; il a joué sur des albums de She & Him, Zac
Brown, Dierks Bentley et Mark Ronson ; il a fait la première partie de tournées
pour Daryl Hall & John Oates et Red Hot Chili Peppers ; est apparu dans la
série documentaire Sonic Highways des Foo Fighters ; il a prêté sa voix aux
personnages adultes dans The Peanuts Movie ; il a hérité du set clôturant la
fête annuelle au New Orleans Jazz & Heritage Festival dans la tradition des
grands de la cité du croissant comme les Neville Brothers et Professor Longhair
; il a publié Trombone Shorty, un livre pour enfants sur sa vie qui a été nommé
Livre d'honneur Caldecott en 2016.
Venant s'ajouter à ce leg, ses débuts chez Blue
Note Records Parking Lot Symphony voient Andrews s'associer au
producteur nommé aux Grammys Chris Seefried (Andra Day, Fitz and the Tantrums) et
un ensemble inattendu de co-auteurs et de musiciens, dont les membres de Edward
Sharpe & The Magnetic Zeros, The Meters, Better Than Ezra, et Dumpstaphunk.
Quand on voit le programme surbooké d'Andrews, c'est encore plus surprenant que
son LP commence avec lui dans une chambre, tout seul, à New Orleans.
« J'ai eu deux semaines à la maison, j'ai
donc été au studio et j'ai mis en place le « terrain de jeu », se
rappelle-t-il. « J'avais tout mis en cercle : tuba, trombone, trompette,
clavier, Fender Rhodes, Wurly, orgue B3, guitare, basse, batterie et moi au
milieu. » Il a enregistré plein d'idée dignes de figurer sur l'album et
puis, il est parti pendant un an. Non pas parce qu'il était trop occupé, mais
parce qu'il voulait partir sur la route et voir comment la musique le changeait.
Quand Andrews est revenu avec un groupe complet, les chansons ont pris vie.
Si on prend les deux reprises de l'album, une
paire de classiques de NOLA : il y a « Here Comes the Girls », un
chanson d'Allen Toussaint, enregistrée à l'origine par Ernie K-Doe qui a ici (avec
Ivan Neville au piano) un son de débauche majestueuse, comme quelque chose tiré
d'un album actuel de Bruno Mars ; et le morceau des Meters « It Ain't
No Use », qui fait tourbillonner une vibration R&B vintage avec des
voix de chorale résonnante et une guitare entraînante de Léo Nocentelli des
Meters lui-même pour transporter le public au centre d'une salle de concert
soul-jazz enflammée qui n'a jamais existé.
L'histoire est presque trop belle. Le groupe de
session, le guitariste Pete Murano, les sax Dan Oestreicher et BK Jackson et le
batteur Joey Peebles avec Tony Hall des Dumpstaphunk et pour le bassiste d'Orleans
Avenue, Mike Bass Bailey étaient dans le studio pour « It Ain't No Use. »
Hall avait même l'acoustique vintage qu'il a acheté à Nocentelli il y a des
années, qui était utilisée sur la session originale des Meters. En allant aux
toilettes, Andrews a vu Nocentelli sortir d'une salle d'enregistrement différente :
cela devait se faire.
Mais ce n'est pas inhabituel pour un homme élevé
dans l'une des familles les plus musicales de New Orleans
Au programme de la
Shorty Fest 2019
La Trombone
Shorty Foundation a annoncé son 7ème Shorty Fest annuel, présenté par Acura, qui
aura lieu le mercredi 1er mai.
Le Shorty Fest
aura lieu à la House of Blues à partir de 20h00. Avec tout plein d'invités, le
Shorty Fest créera une atmosphère pleine d'énergie et de fun. Le festival de
cette année présentera comme toujours des performances de Trombone Shorty &
Orleans Ave avec des invités spéciaux. Les billets pour le festival ont été mis
en vente le jeudi 21 février à 10h00.
« Ce sera la plus grande soirée de l'année
pour la fondation, » a dit Andrews. « Tant de musique fantastique
associée à l'esprit de la transmission, c'est une combinaison magique. Perpétuons-la ! »
Le Shorty Fest présentera de la musique sur deux scènes notamment la puissante
fanfare de New Orleans The Soul Rebels avec le maître des percussions cubaines
Pedrito Martinez, Southern Avenue et les
débuts de Tribal Gold (The New Orleans Suspects avec les Indiens de
Mardi Gras Golden Commanche), Erica Falls Band, New Breed Brass Band, Lil’ Glenn & Backatown, et l'artiste Saràyah.
La performance de Trombone Shorty & Orleans Avenue sera la seule apparition
du groupe au cours de la seconde semaine du New Orleans Jazz & Heritage
Festival à part la clôture sur la scène principale du festival.
« Quand les
étudiants de la Trombone Shorty Academy, qui travaillent si dur toute l'année
pour préparer cette soirée épique, montent sur scène avec Troy, », dit le
directeur exécutif Bill Taylor, « vous regardez le passé, le présent et le
futur ensemble. On ne peut pas faire mieux ! »
L'événement sera
une soirée qui capture tous les aspects de la musique de New Orleans et qui
fournit une opportunité de soutenir la Trombone Shorty Foundation.
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