Tuba Skinny (Version française)





Formé en 2009, Tuba Skinny a évolué avec constance d’un ensemble hétéroclite de musiciens de rue en un véritable groupe se consacrant à diffuser le son traditionnel de la Nouvelle Orléans auprès de publics du monde entier. S’inspirant d’une large gamme d’influences musicales, des spirituals au blues de l’ère post Dépression, du ragtime au jazz traditionnel, leur répertoire évoque la richesse de l’héritage musical de leur ville, La Nouvelle Orléans. Le groupe a d’ailleurs gagné sa notoriété et des fans loyaux grâce à ce son distinct, leur engagement à faire revivre des chansons oubliées et leurs performances live enflammées.



Ils participent au Festival Musiques de la Nouvelle Orléans en Périgord (MNOP) le 23 juillet à Mensignac et le 24 juillet à Atur.



 
Membres :
  • Shaye Cohn, cornet, violon, piano, accordéon, banjo, cuillères
  • John Doyle, clarinette
  • Craig Flory, clarinette et saxophone
  • Barnabus Jones, trombone, banjo, violon, guitare et voix
  • Jason Lawrence, banjo et guitare
  • Erika Lewis, voix et percussion
  • Robin Rapuzzi, planche à laver
  • Gregory Sherman, guitare et harmonica
  • Todd (Winfield Newton Burdick III), tuba
Magistral et exubérant : Tuba Skinny électrifie les rues, un article du magazine Offbeat

C’était peu après midi, une journée ensoleillée du début mars. Au coin de Toulouse Street et Royal Street, les touristes s’activent. Ils s’arrêtent pour regarder les vitrines des boutiques d’antiquité ou renifler des échantillons de savon tout en sirotant des boissons. Sur le trottoir, le groupe Tuba Skinny vient de finir sa pause déjeuner. Ils finissent de manger des bananes et sandwiches du magasin du coin, Rouses. Tupelo, le chien du joueur de trombone Barnabus se régale des restes de bacon. Shaye Cohn émet le traditionnel « appel aux armes » de la Nouvelle Orléans avec son cornet. Buh-bah ! Buh-bah !
Les sept membres du groupe s’installent tranquillement dans leurs sièges, installés en arc de cercle dans la rue. Tupelo se couche pour faire un petit somme près du pot à pourboires au centre de l’arc. Après quelques bavardages et discussions pro, le groupe est prêt à commencer. Sur un geste de Shaye, les cuivres tiennent deux longues notes remarquables. Craig Flory les entoure de sa clarinette. Jason Lawrence joue des petits coups rapides et palpitants au banjo. Ils allongent les notes tandis que la tension monte jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent soudainement. Les têtes se tournent. Les conversations s’arrêtent. Toute la rue prête attention maintenant.



Les membres fondateurs de Tuba Skinny ont commencé à se réunir à la Nouvelle Orléans juste avant et après l’ouragan Katrina. Ils sont arrivés à la Nouvelle Orléans de tous les États Unis. La cornettiste Shaye Cohn était venue de Boston avec un ami ; le tromboniste Barnabus John de Virginie, en train pour finir par s’ancrer dans la ville ; la chanteuse/percussionniste de grosse caisse Erika Lewis venait de l’Hudson Valley dans l’état de New York pour rendre visite à des amis d’un cirque en hiver ; Todd Burdick, le tuba de Tuba Skinny quitta Chicago pour voyager avant de se poser à la Nouvelle Orléans et le joueur de planche à laver/batteur Robin Rapuzzi est arrivé de l’état du Washington pour trouver de l’inspiration afin d’écrire. La plupart des membres du groupe se sont trouvés dans la ville de cette manière avec les années.  « Beaucoup d’entre nous sont arrivés en espérant faire ce que nous faisons aujourd'hui, mais nous étions tous attirés pour rester ici en raison du riche legs musical de la ville. Nous sommes tous des transfuges de différentes parties du pays, mais nous partageons un profond amour et respect pour cette ville. La vibrante culture des brass bands, les traditions solidement ancrées de la célébration de la vie par le biais de la musique, le fait que vous pouvez sortir n’importe quel jour et entendre quelque chose d’extraordinaire, qui vous transporte dans une frénésie dansante, voici certaines des choses qui rendent la Nouvelle Orléans unique, » déclare Shaye Cohn.
Ils ont commencé en jouant dans la rue au sein de groupes à cordes comme le Dead Man Street Orchestra sur Jackson Square. Déjà, l’idée de créer un groupe avait commencé à germer. « Nous avons eu cette discussion un jour quand nous faisions partie de Dead Man Street Orchestra et je me souviens que Shaye a dit, « Ça serait génial si nous avions un brass band un jour, », se rappelle Barnabus Jones. Ils ont fini par faire la transition en jouant du jazz traditionnel de la Nouvelle Orléans dans différents groupes comme Muskrat Ramblers et les Loose Marbles.
Au final, comme différents musiciens intégraient et quittaient les Loose Marbles, de nouveaux groupes ont été créés, y compris Meschiya Lake and the Little Big Horns et bien sûr : Tuba Skinny.



Leur nom a toujours suscité de la curiosité en raison de sa référence évidente au musicien vénéré de Jackson Square, Tuba Fats. Son origine fait maintenant partie de la notoriété grandissante du groupe. Todd Burdick se souvient, « Je faisais du vélo dans le Quartier Français avec mon tuba et il y avait ce gars dans Marigny qui criait, « Hé regardez, c’est Tuba Skinny ! » Il criait toujours cela. Ensuite, j’en ai parlé à des gens et on a commencé à m’appeler ainsi. Il y a donc une référence au nom de Tuba Fats, mais nous n’avons pas de lien direct avec lui ni autre chose. Avec les années, c’est intéressant car beaucoup de gens me racontent leurs histoires sur Tuba Fats, surtout quand nous sommes à l’étranger car il a fait beaucoup de tournées. » Le groupe ne perd pas de vue la signification du nom et le musicien auquel il fait référence.  « Nous avons de l’admiration pour Tuba Fats car avec les années, nous avons entendu parler de la manière dont il a continué à faire en sorte que la musique soit jouée dans les rues. Ce qui est bien sûr important pour nous. Et nous sommes devenus amis avec des musiciens qui ont beaucoup appris sur la musique de la Nouvelle Orléans en jouant à Jackson Square avec lui, » explique Shaye. « Il était comme un héros folk pour les droits des musiciens de rue, » se souvient Barnabus.



Le groupe, officiellement formé en 2009 s’est rapidement établi comme un incontournable sur Royal Street. « Tout s’est passé tellement naturellement pour nous, nous voulions juste continuer à jouer ensemble et nous avons été propulsés par l’énergie de jouer pour le public dans la rue, » dit Erika Lewis. Alors que la foule commence à se réunir autour du groupe, ils se lancent dans le morceau « Bouncing around » d’Armand J. Piron de 1923. » Robin conserve le rythme en alternant la grosse caisse et la planche à laver, tenant une baguette entre ses dents. Shaye, Craig et Barnabus tourbillonnent autour de la mélodie de grande roue ascendante et descendante de la chanson. Avec un léger coup d'œil ou un signe de la tête, Shaye dirige les solos. Quand la chanson se termine, les acclamations fusent, ce qui ne fait qu’attirer encore plus l’attention des passants. Robin se lève et présente le groupe et la chanson de manière détendue. Il mentionne que ses compositeurs étaient de la Nouvelle Orléans. L’argent afflue dans le pot à pourboires. Une fillette achète tous leurs CD. Depuis près d’une décennie, la popularité de Tuba Skinny croît régulièrement, ils ont sorti huit albums, partent fréquemment en tournée et attirent des fans prestigieux, de R. Crumb à Amanda Palmer en passant par Neil Gaiman.  Ils ont séduit des fans du monde entier, des jeunes et moins jeunes, néophytes et amateurs. Une myriade de facteurs contribuent à leur attraction, mais tout d’abord et surtout, c’est bien leur musique.



Ils puisent leur inspiration dans Hot 5 et Hot 7 de Louis Armstrong, Red Hot Peppers de Jelly Roll Morton, Bunk Johnson, George Lewis, Jim Robinson, the Mississippi Sheiks, Sam Morgan’s Jazz Band, Johnny et Baby Dodds, Blind Blake, Blind Boy Fuller, the Memphis Jug Band, King Oliver, Bessie Smith et Kit Stymie Stovepipe, parmi tant d’autres.
Ils sont devenus très appréciés par les joueurs de jazz traditionnels locaux en raison de leur fidélité au style du début. « Ils jouent le jazz traditionnel des années 20, qui est une époque souvent ignorée à la Nouvelle Orléans, » dit l’ancien DJ de WWOZ, multi-instrumentiste, arrangeur et collectionneur de disques rares Tom Saunders. « Ce n’est pas un groupe revival. C’est un groupe pré-revival. C’est du pur jazz traditionnel, tel qu’il existait avant que les phonographes ne soient largement disponibles et que la musique ne se soit diffusée dans le monde. »
Bien qu'il soit constitué d’excellents interprètes de jazz traditionnel, Tuba Skinny n’a pas limité son choix de morceaux uniquement à ce qui est offert dans le répertoire traditionnel. En fait, leur objectif n’est pas d’être confiné dans des genres prescrits. « Nous avons commencé par jouer surtout du vieux jazz, » dit Shaye. « Les deux années suivantes, nous sommes passés à la musique « jug band », au country blues, à la musique de groupe à cordes et au ragtime. Nous avons finalement commencé à intégrer des chansons country et un peu de R&B de la Nouvelle Orléans aussi. Et maintenant, il semblerait que nous sommes revenus nous concentrer sur le vieux jazz. »

Avec les années, ils ont vu la scène évoluer et changer. « Quand Tuba Skinny a commencé à jouer dans la rue en 2009, la scène de la musique de rue était bouillonnante et vivante mais pas aussi compétitive. Le groupe cite The Music and Culture Coalition of New Orleans (MaCCNO) comme important soutien et force pilote pour faciliter la communication productive entre les musiciens, les établissements et l’application des lois. Ils encouragent vivement tous les musiciens à s’impliquer avec la MaCCNO pour aider à assurer que la musique reste dans les rues de la Nouvelle Orléans.


  
Discographie :
Some kind of shake 2019


Nigel’s dream 2018



Tupelo Pine 2017



Blue chime stomp 2016



« Continuant à travailler le vieux jazz, le blues et le ragtime qui en ont fait les favoris locaux, ce combo de la Nouvelle Orléans ne fait pas que continuer à se plonger dans les archives, mais il perfectionne des originaux qui s’intègrent presque parfaitement dans le catalogue.

...La force de ces jeunes joueurs de jazz traditionnel reste leur travail d’ensemble. Chanson après chanson, le sextet instrumental de base maîtrise l’improvisation collective contrapuntique de la Nouvelle Orléans classique, évoquant instantanément une autre époque mais en même temps agréablement l’instant présent. »
— CLEA SIMON (OFFBEAT, AVRIL 2016)

Owl call blue 2014



« Appeler Tuba Skinny des « revivalists » seraient être à côté de la plaque.  L’ensemble de la Nouvelle Orléans, très souvent vu jouer sur Royal Street, n’a jamais concédé la mort du vieux jazz et du blues qu’ils jouent... C’est un hommage à l’aisance maîtrisée de ces musiciens relativement jeunes qui flânent et tissent les uns autour des autres comme si le bebop n’avait jamais existé. Alternant solos et voix en appel et réponse sur cet album, leur sixième, les huit musiciens font preuve ici d’une aisance confortable dans leurs classiques pré années 40. » 
— CLEA SIMON (OFFBEAT, OCTOBRE 2014)

Pyramid Strut 2014



« Tuba Skinny continue à s’améliorer dans la maîtrise de son interprétation vivante du vieux jazz, du blues et du ragtime dans le studio. Sur cet album, leur cinquième (enregistré en Tasmanie », le septet mêle ces sons du début du 20ème siècle à une verve caractéristique. »
— CLEA SIMON (OFFBEAT, FEVRIER 2014)

Rag Band 2012



« C’est une musique parfaite pour se trémousser une bière fraîche à la main. Leurs versions de chansons rarement enregistrées comme « Papa’s Got Your Bath Water On » ou la ballade de meurtre de sang froid « Crow Jane » de Skip James sont poignantes, tout en étant amusantes... Chapeau bas à Tuba Skinny pour avoir remis en action certaines des grandes chansons moins jouées du répertoire de la Nouvelle Orléans (notamment les chansons de Jelly Roll Morton y compris « New Orleans Bump »). »
— David Kunian (Offbeat Septembre 2012)

Garbage man 2011
Six feet down 2010
Tuba Skinny 2009


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