De Marie Laveau au Voodoo Festival à la Nouvelle Orléans


Les croyances et l'histoire vraie du vaudou

Chaque année maintenant, The Voodoo Experience, avec ses slogans « join the ritual » (rejoignez le rituel) et « worship the music » (adulez la musique) fait coïncider son agenda avec Halloween. C'est devenu une tradition à la Nouvelle Orléans, un peu comme All Saints'Day, quand les familles se dirigent vers les cimetières du Quartier Français et au-delà pour nettoyer les tombes et les décorer de fleurs fraîches.



Jerry Gandolfo, un natif de la Nouvelle Orléans dont la famille tient le Voodoo Museum dans le Quartier Français depuis les années 70, a vu des tonnes de produits et d'endroits affublés du nom « voodoo ». Parfois, le terme est utilisé de manière désobligeante, dans des termes comme l'économie du vaudou et la science du vaudou. Mais lors d'un festival qui se tient en extérieur, sous les chênes, les percussions et la musique pourraient bien appeler les esprits et faire parler le passé, à la hauteur de son nom, Voodoo. « Si c'est bien fait, la musique devrait prendre possession de vous. Vous ne pourrez pas rester immobiles. Et si cela arrive, vous faites du vaudou, » dit-il. « Il y a une continuité. »



Les racines du vaudou de la Nouvelle Orléans
La religion trouve ses origines à Haïti au cours de l'ère de la colonisation française aux Antilles. La plupart de ses rites proviennent des tribus d'Afrique Occidentale, notamment au Togo, Bénin et au Nigeria, mais quand les esclaves ont été transportés d'Afrique en Haïti, ils ont amené leurs coutumes avec eux, le point culminant étant la religion du vaudou.  A cette époque, Haïti est restée relativement isolée du reste du monde, permettant à la religion Vaudou de se formuler sans interférence du monde occidental, avec ses propres traditions uniques.
Le Vodou en Haïti a joué un rôle central pour les esclaves en tant que « résistance mentale et émotionnelle » à la dureté amère à laquelle ils faisaient face chaque jour. Les propriétaires de plantation, non habitués au Vodou, étaient intimidés par la religion et interdirent aux esclaves des Antilles de le pratiquer. Au début de 1791, les esclaves en Haïti encouragèrent leur propre rébellion et expulsèrent tous les Français de l'île. Beaucoup des Français se sont ensuite enfuis en Louisiane avec leurs propres esclaves, qui ont ramené le Vodou à la Nouvelle Orléans. 

Comme beaucoup de choses à la Nouvelle Orléans, le Voodoo a été ensuite imprégné de la religion dominante de la ville, le catholicisme, et est devenu un Vaudou-Catholicisme hybride que l'on appelle parfois le New Orleans Voodoo. A la Nouvelle Orléans, par exemple, Legba, la déité Vaudou qui contrôle les portes du monde des esprits, devient St Peter, qui détient les clés des portes du ciel.




MARIE LAVEAU
Cette forme hybride était évidente chez Marie Laveau, une pieuse catholique qui allait à la messe à la Cathédrale St Louis et qui était une amie proche du prêtre de la cathédrale, Père Antoine.
Devant la tombe physique de Marie Laveau au cimetière n°1 St Louis en bordure du Quartier Français, les fans déposent des pièces, des fleurs en papier et d'autres offrandes.
Quand Marie Laveau était vivante et habitait sur St Ann Street, les gens frappaient à sa porte à toutes heures, cherchant de l'aide juridique, de la nourriture ou des conseils au sujet d'un mari volage. Cela ne s'est pas arrêté à sa mort en 1881. « Dans le vaudou, un ancêtre est tout aussi vivant qu'une personne vivante, » dit Gandolfo. « Vous allez juste voir sa nouvelle maison maintenant. »
Marie Laveau qui était aussi connue sous le nom de la Veuve Paris après la mort de son premier mari Jacques Paris, était un personnage spirituel frappant, une bienfaitrice et une femme de couleur libre. Elle adopta des orphelins, nourrit les affamés, visita des prisonniers, et soigna d'innombrables patients au cours de l'épidémie de fièvre jaune. Elle était aussi une naturopathe compétente, traitant des patients avec des massages, des thés, herbes, baumes et teintures, qui étaient probablement plus efficaces chez les patients atteints de fièvre jaune que les saignées et autres techniques médicales de l'époque.




Elle est née à Santo Domingo en 1794. Son père était blanc et elle est née libre. C'est en 1819 que l'on parla d'elle pour la première fois à la Nouvelle Orléans, quand elle épousa Jacques Paris, un autre noir libre. Il mourut en 1826 et Marie se mit en ménage avec Christophe Glapion, avec qui elle eut une fille, également nommée Marie. Durant sa longue vie, elle donna naissance à quinze enfants.

Cette même année, Marie se voua au pouvoir du vaudou et devint la reine de cette culture interdite mais largement pratiquée. Elle était coiffeuse de métier ce qui lui donna accès à de nombreuses maisons de bonne famille dans la ville. De cette façon, elle et ses filles avaient accès à un réseau d'informations qui donna à Marie ses pouvoirs « psychiques ». Elle savait tout ce qui se passait dans la ville rien qu'en écoutant ses clients et leurs employés.
Marie devint une légende à la Nouvelle Orléans, ce qui est particulièrement étonnant dans une culture si divisée, mais elle était bien plus qu'une pratiquante du vaudou. Marie avait un esprit imaginatif et elle a contribué à transformer le vaudou en beaucoup plus qu'une simple superstition africaine. C'est Marie qui amena la Vierge Marie dans le Vaudou comme figure centrale de culte et elle empruntait librement des traditions catholiques pour les amener dans la culture.
Marie mourut en juin 1881 mais beaucoup de gens n'ont jamais réalisé qu'elle était partie. Sa fille prit sa place et perpétua ses traditions pendant les décennies qui suivirent.


 
Aujourd'hui, Marie et sa fille règnent encore sur le monde sombre du vaudou de la Nouvelle Orléans depuis les confins du cimetière n°1 St Louis. Toutes deux sont enterrées dans ce cimetière dans des structures en pierre blanche à deux niveaux. Les tombes ressemblent à bien d'autres dans ce cimetière bondé, jusqu'à ce que vous remarquiez les marques et les croix qui ont été dessinées sur les pierres. A part ces marques, vous verrez aussi des pièces, des herbes, des haricots, des sacs, des fleurs, des jetons et toutes les choses déposées en offrande pour porter bonheur et honorer la Voodoo Queen. 

Le vaudou à la Nouvelle Orléans aujourd'hui

Le Hoodoo est une croyance non religieuse dans les objets du Voodoo ou gris gris. Gandolfo l'assimile à la croyance qu'un trèfle à quatre feuilles porte chance.  La Nouvelle Orléans a eu une longue lignée de pratiquants et boutiques du Hoodoo et les gens ici parlent encore des sorts qui utilisent les images de saints, pattes de poulet, poussière de cimetière, la poussière de brique, la poudre à canon, les aiguilles, bougies et l'encens.



Voodoo Festival



Le Voodoo est un gumbo musical alliant musique, art, communauté, cuisine et tout le mystère et l'aventure que le weekend d'Halloween à la Nouvelle Orléans évoque. Avec plus de 65 groupes sur trois jours, Voodoo est plus qu'un simple Festival, c'est une expérience
Il y a plein de choses à faire entre les sets. Sur les terres du Festival de City Park, Voodoo accueille des installations interactives et de l'art immersif à grande échelle, le Brew Dat Beer Hall, une expérience de shopping d'objets fabriqués à la main sur Market Place, et bien plus.
Il aura lieu cette année du 25 au 27 octobre au New Orleans City Park.
https://www.voodoofestival.com/


Commentaires

  1. Ce sujet du Vaudou mériterait une thèse à lui tout seul. Ce qu'il est devenu à la Nouvelle Orléans, cette énergie festive doit valoir le détour. J'imagine qu'on ne peut voir ça , ce mélange de croyances, de cultures et de musiques avec autant d'ampleur, surtout dans ce coin du globe. Cet article donne envie de faire des recherches encore plus approfondies, même si l'article est déjà bien fourni. Cool !

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