Muddy Gurdy Trio (version française)



Quand la vielle rencontre le Hill Country blues du Nord Mississippi, avec Cedric Burnside, Sharde Thomas, Cameron Kimbrough et Pat Thomas.
Muddy Gurdy, deuxième album du groupe, est sorti le 2 février 2018, distribué mondialement par le label américain VizzTone. Le mois suivant, en mars, il remporte le prestigieux Coup de cœur Musique du monde de l’Académie Charles Cros. En décembre 2018, le groupe est finaliste du Prix Blues de l’Académie du Jazz. L’album a été encensé par la presse, que ce soit en France, aux États-Unis ou ailleurs dans le monde.
Je viens de les découvrir lors de la grande soirée du Festival Musiques de la Nouvelle Orléans en Périgord, MNOP Gran Circus 2019 à la Plaine de Lamoura, Boulazac. Ce trio à la musique envoûtante et surprenante a également joué quelques morceaux avec Kenny Brown, prouvant que la Steel Guitar, la vielle et la sublime voix de Tia Gouttebel créent un blues extraordinaire faisant voyager Outre Atlantique pour se retrouver dans la moiteur du Nord Mississippi.
Voici l’histoire de ce projet original, je vous conseille de vous procurer l’album Muddy Gurdy, vous ne serez pas déçus….


 Créé sur une idée originale du percussionniste Marc Glomeau de réunir la chanteuse guitariste Tia (prix Cognac Blues passions 2012) et le vielliste Gilles Chabenat, Hypnotic Wheels propose un univers singulier et onirique puisant aux sources des musiques afro-américaines et du Centre de la France.
L’improbable association de la vielle et de la calebasse africaine, illuminée par la guitare et la voix de Tia, génère un son inédit, celui d’une d’une transe perpétuelle —­d’où son nom— nourrie de pulsations technoïdes martelées à la calebasse. Basses et autres riffs distordus de la vielle tournent comme des astéroïdes autour d’une voix envoûtante.
Leur premier album, Hypnotic Wheels, est sorti à l’automne 2014, après un EP de 4 titres l’hiver précédent.
Ils sont partis enregistrer leur second album dans le Mississippi au printemps 2017. Muddy Gurdy est sorti à l’international en février 2018, distribué par le label américain Vizztone.

Tia Gouttebel (guitare, chant)



Remarquée par le guitariste américain Larry Garner, dont elle sera l’invitée en Europe à plusieurs reprises entre 1999 et 2001, Tia développe son propre style et s’impose peu à peu comme l’une des rares guitaristes chanteuses françaises à s’être réellement approprié ses influences musicales.
En 2002, elle forme son propre groupe, Tia & The Patient Wolves, à la tête duquel elle se produit dans des clubs en France et en Europe, ainsi qu’à l’affiche de festivals prestigieux —Cognac Blues Passions, Cahors Blues Festival et Salaise Blues Festival (France), Kwadendamme Festival (Hollande), Blues in Bloom (Belgique), en première partie d’artistes internationaux comme Jimmy Johnson, Louisiana Red, John Mayall… Prix Cognac Blues Passions en 2013, elle ouvre pour Charlie Musselwhite et Ben Harper devant plus de 6000 spectateurs.
Son parcours musical l’a conduite à plusieurs reprises aux Etats-Unis (Memphis, Mississippi, La Nouvelle-Orléans, Austin, Los Angeles, Floride), où elle est invitée à partager la scène avec des musiciens incontournables, le bassiste Leroy Hodges (Al Green), les guitaristes Kirk Fletcher et Johnny Moeller (The Fabulous Thunderbirds), le batteur James Gadson (Bill Withers), l’harmoniciste Lynwood Slim…
Tous se montrent «bluffés» par le talent et l’authenticité de la «petite Française»

Gilles Chabenat (vielle électroacoustique)




Gilles Chabenat est né à Lignières, dans le Berry. C’est là, avec l’association d’arts et traditions populaires Les Thiaulins, qu’il débute la vielle à l’âge de 13 ans. Il suit les cours de Georges Simon, remporte plusieurs prix. Il se consacre au répertoire de sa région, avec déjà l’idée d’aborder d’autres styles musicaux. Dans le sillage de Valentin Clastrier, il réinvente l’instrument et ses techniques de jeux. A la même période et après plusieurs années de recherches, le luthier Denis Siorat élabore un instrument électroacoustique, de conception contemporaine, qui permet d’intégrer la vielle dans le champ des musiques actuelles.
En 1992, Gilles Chabenat rejoint le groupe corse I Muvrini pour une aventure commune de douze ans. Il multiplie les rencontres (Véronique Sanson, Florent Pagny, Stephan Eicher, Jean-Jacques Goldman, Sting…) et collabore avec des musiciens de jazz (Vincent Mascart, Jacques Mahieux, Alain Bruel, Alain Gibert, Jean-Marc Padovani…). Il participe au renouveau de Malicorne avec un fameux live enregistré aux Francofolies. Sa vielle apparaît dans la musique composée par Jannick Top pour le film de Pierre Jolivet, “Le Frère du Guerrier”.
Son approche de la vielle privilégie le caractère multiple d’un instrument qui se métamorphose et se réinvente depuis plus de mille ans. Comme le montre sa collaboration avec Hypnotic Wheels.

Marc Glomeau (percussions, calebasse, choeurs)




Percussionniste, compositeur, producteur, Marc Glomeau fonde Black Chantilly, un des groupes phares du jazz afro-cubain français avec lequel il tourne pendant dix ans.
Il travaille ensuite avec de nombreux artistes de la scène jazz, world française ou américaine —Bruno Angelini, Thierry Peala, Rosy Bazile, Cheb Bilal, Arthur H. Sa rencontre avec le batteur et compositeur Marlon Simon (nominé aux Grammy Awards avec l’album In Case You Missed It) marquera un tournant dans sa carrière: en 2008, le projet “Black Chantilly invite Marlon Simon” remporte le prestigieux prix du French American Jazz Exchange, attribué par Culture France et la Chamber Music of America. Prix suivi par une tournée sur la côte est des Etats-Unis.
Extrêment créatif, il est à l’origine de nombreux projets originaux, dont Racines (septet mêlant cultures afro-vénézuéliennes et du Centre de la France), avec Marlon Simon et Gilles Chabenat, Mère Grand & The Sound Avengers (concert pop délirant, revisitant les grands génériques de séries télévisées à la sauce seventies), Akrofo System (exploration des liens entre le jazz et les rythmes africains avec le pianiste Philippe Monange), et, tout récemment, Hypnotic Wheels.
Il anime des stages autour des rythmes afro-cubains et des percussions dans les Ecoles nationales de musique, les conservatoires et des associations.

Un mois dans le Mississippi avec Hypnotic Wheels par Abs  Magazine


• Pour son deuxième album, The Muddy Gurdy Mississippi Project, le trio d’Hypnotic Wheels, Tia Gouttebel (guitare-chant), Marc Glomeau (percussions) et Gilles Chabenat (vielle), est parti enregistrer dans le North Mississippi Hill County et le Delta, avec des descendants de bluesmen emblématiques de la région : Cedric Burnside, petit-fils de R. L., Shardé Thomas, petite-fille d’Otha Turner, Cameron Kimbrough, petit-fils de Junior, et Pat Thomas, fils de Son James. Au final, cela a donné des moments intenses, de l’émotion. À découvrir bientôt.
Le blues, lien universel
Le trio Hypnotic Wheels est né il y a cinq ans d’une idée simple : le blues est un lien universel qui relie les cultures entre elles. Qu’importent la forme musicale qu’il revêt, le nom qu’on lui donne ou les instruments qui le jouent, on y trouve toujours les mêmes origines rurales, empreintes de dénuement, d’émotions. Les visages et les mains des musiciens qui le clament portent les stigmates de la dureté d’une vie consacrée au travail de la terre. Du ventre de la mère nourricière Afrique, dont on a déporté les enfants, proviennent les fondements de toute la musique populaire moderne. À l’origine, ces musiques étaient des « musiques de fonction », avec les moyens les plus rudimentaires qui soient. Bien loin des logiques commerciales, la musique était là pour distraire, raconter, émouvoir, dénoncer, célébrer, se réjouir et danser, accompagner et adoucir la vie de ceux qui souffraient et leur donner les moyens d’échapper à leur condition, le temps d’un instant. Il en était de même dans les campagnes du monde entier, comme en Auvergne et dans le Centre, tant la condition paysanne était rude. Les musiques de nos folklores ont été, là encore, l’exutoire d’une condition sociale difficile. C’est sur ces bases d’un « blues universel » que le trio Hypnotic Wheels est né, en intégrant une vielle à roue, instrument emblématique de nos « blues » ruraux du centre de la France.
Une idée saugrenue
Après un premier album, paru en 2014, nous réfléchissions, début 2016, à notre deuxième, lorsque j’ai eu cette idée un peu surprenante de prime abord (1). Pourquoi ne pas partir enregistrer dans le Nord Mississippi avec le trio et sa vielle ? Pourquoi ne pas aller à la rencontre des musiciens emblématiques du North Mississippi Hill Country blues, dans des lieux du quotidien, avec des moyens techniques rudimentaires, en vivant chez l’habitant, loin du confinement programmé des studios d’enregistrement et du faste des hôtels. Enthousiasmés par cette idée, la guitariste et chanteuse du groupe Tia Gouttebel, le vielliste Gilles Chabenat, l’administratrice Samantha Julien, la régisseuse Françoise Digel et moi-même avons travaillé ensemble pendant plus d’un an pour donner vie à ce projet musical unique et audacieux. Projet qui a d’ailleurs fait dire à Roger Stolle, propriétaire du magasin Cat Head à Clarksdale et programmateur du Juke Joint festival : « Et vous avez réussi à organiser tout ça dans le Mississippi ? De France ? ». Notre choix s’est porté sur le North Hill Country Mississippi blues en raison de son caractère hypnotique. On y entend frémir les racines africaines, que ce soit dans la musique de Fred McDowell, de R.L. Burnside, de Jessie Mae Hemphill ou d’Otha Turner, mais aussi pour ses similitudes avec la construction de certaines de nos musiques traditionnelles. C’est d’ailleurs en travaillant sur un titre de R.L. Burnside avec Hypnotic Wheels – la vielle faisait merveille en reprenant le riff de guitare – que nous avions eu envie de creuser ce style.
Nous avons pris contact avec Cedric Burnside, petit-fils de R.L., sacré « Meilleur batteur » à sept reprises aux Blues Music Awards et nominé aux Grammy Awards en 2015 avec son album auto-produit « Descendants of Hill Country » ; avec Shardé Thomas, petite-fille d’Otha Turner récipiendaire des prix les plus prestigieux ; avec Cameron Kimbrough, petit-fils de Junior Kimbrough ; et, dans le Delta, avec Pat Thomas, fils de James  »Son » Thomas. Tous ont accepté avec enthousiasme de participer à ces sessions que nous avons baptisées le « Muddy Gurdy Mississippi Project » – un jeu de mot avec le nom anglais de la vielle, hurdy gurdy. En avril cette année, nous voilà dans l’avion. Tous les trois, plus Pierre Bianchi, ingénieur du son et Yannick Demaison, avec sa caméra et son appareil photo pour filmer les sessions et les rencontres, et, plus tard, réaliser un documentaire. (Lien : https://www.youtube.com/watch?v=KPckuCh_cAw)
Message de fraternité
Tout ce projet est un message de fraternité qui ne souffre aucun mur, aucun barbelé, aucun repli identitaire entre les peuples de cette planète. Le choix des lieux et nos conditions nomades d’enregistrement, l’apport d’un élément culturel de nos folklores inconnu dans le Mississippi, l’ouverture et la bienveillance dont toutes les personnes impliquées ou reliées au projet ont fait preuve, la profonde gentillesse des habitants du Mississippi, l’humilité, la générosité et le talent des artistes ont contribué à faire de cette rencontre un moment rare et unique. Tout cela fait que nous nous sentons aujourd’hui fiers et heureux d’avoir réalisé ce rêve un peu fou.
Par Marc Glomeau, fondateur et percussionniste d’Hypnotic Wheels

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